je prends le parapluie de papa
celui avec la tête d’aigle gravée dans le bois
je promène mon chien
il pleut
j’écoute les gouttes qui tombent sur les feuilles
le silence
le ciel jaune
je suis seule
je rentre chez moi
et j’ai chaud
mon chien grogne
ses pattes mouillées salissent le parquet
les traces d’eau
je mets mon linge au sale
j’ai mes règles
alors j’ai mal au ventre
les volets sont fermés
la télé est allumée sur silence
je vais brancher le réveil
reprendre mon histoire où je l’avais laissé
s. au téléphone
il est sur le bord d’une autoroute
dans le centre de la france
notre conversation a été interrompue
plus de batterie
il est rassuré car je ne pleure plus
il m’a dit dis lui
s’il te rend heureuse
est-ce que je me rends heureuse ?
je regarde la photo de l’éléphant
le dernier jour du mois de mai sur le calendrier
tout à l’heure j’ai écrit sur un morceau de papier
dire les choses
dire je t’aime
savoir que je ne vivrai jamais la belle aventure que je me suis inventée
en corse aussi il pleut peut-être
mais là-bas
la pluie a la senteur du maquis
la nature qui se ressource
là-bas on voit les étoiles
on dort dans des draps toujours propres
sur le coton encore rêche
sur le tissu qui a séché au soleil
demain il pleuvra encore ici
et sur le massif central aussi