esprit
troupeau
gadoue
cadre
no man’s land
clovis g. thomas d.-f. mathieu s. siegried
des gens
deux nuits deux journées
des copains de passage pour jouer à la pétanque les pieds nus sur l’herbe verte
on dirait du renoir
plouf
un chien dans la vase
un gros qui pue
le géant montre des grenouilles
zigzagons sur la route du supermarket
des ronds points des églises des mariages
et puis la zikmu la danse et les apéricubes
l’anesthésiste a dit pas d’aspirine
il a pas dit pas de champi
big up à qui tu sais
lalalilice
doudoudida
lalalilice
bibibamboum
dirty starlette ça va sans dire
++
autoroute des vacances dans le mauvais sens
aahh
il est loin mon cheval
++
starlette sous perf
la morphine me prend dans ses bras
ses suçons me paraissent si bons
sans un bruit
des mots viennent jusqu’à moi
dans la chambre d’hôpital
mes draps sont silencieux
je m’étend sur le blanc
personne ne prend ma main
mais on me touche
on m’ausculte sous toutes les coutures
je me laisse faire
allongez vous
pliez les jambes
les genoux vers vous
poussez
fermez le point
buvez
avalez
marchez
on me compresse
on me crème
et le grand infirmier prend mon numéro

j’ai tout relativisé
une chose après l’autre
le corps puis l’esprit
je ne veux plus de nouvelles
je veux m’éloigner de ceux qui font mal
qui sucent ma force
et fuient avec leur magot
ya ya
tagadatagadatagadatagada
à l’hôpital on regarde la télé
: )
interville
le journal de 13 heures
le journal de 20 heures
les éditions régionales
les nationales
le 6 minutes
les flashs de la mi journée
les infos sur lci
le tour de france
les pubs pour la mousse harpic qui aspire dans tous les recoins de la cuvette des chiottes
l’île de la tentation
chirac président
tout sous produit
remboursé par la sécu
oui j’ai une complémentaire
je n’ai rien à me reprocher
je mange les coins des petits beurres lu
je dors comme je n’ai pas dormi depuis tout le temps
je pense sans penser
souleymane me protège
concentrée sur le corps
le retour de la relativité
j’ai mal j’ai mal alors je dafalgan je contramal je topalgic et je morphine puis je lexomil j’ai mal et je pense aux autres qui ont mal et qui en meurent
dans une vie j’ai plusieurs vies
dans une vie je meurs déjà
je lis albert c.
l’égyptien
sa littérature embrumée
me donne le tournis
bipbip
bipbip
sur la passerelle du voilier
le vent entoure tes cheveux
les traits durs noirs du sud
ont un air familier
tu es comme moi
je suis ta femme ou je ne suis rien
tu me désires ou tu m’oublies
si tu attends dans l’ombre
de trouver la belle âme que tu croqueras demain
si tu crois à la princesse charmante
je te tuerai avec mon venin
demande moi ma main où tu ne verras pas ce prochain matin
.
..
.
tu veux ou tu veux pas
si tu veux pas j’en ferai pas une maladie
***
j’ai choisi le noir
assorti à mes grains de beauté
des talons trop hauts qui me feront souffrir dans quelques heures
ils sont vernis comme les souliers des contes de fée
je ne compte pas beaucoup marcher
je ne compte pas aller danser
je veux déguster ce champagne millésimé
précieuses bulles dont il m’a parlé
pour lui c’est une simple bouteille qui attend dans un coin de l’appartement
il est 20 heures
nous avons rendez-vous à une terrasse en extérieur
sur une place du paris chic
il arrive
son regard triste est beau
élégant je le regarde
à son approche je souris sans croiser ses yeux bruns
je bois une eau gazeuse
il dit
la même chose
je purifie ma bouche
une lèvre rosée glossée sous le passage de ma langue
lui sort deux dés
l’ivoire tourne dans sa main
plus de quatre tu passes la nuit avec moi
celle qui va jusqu’au petit matin
dehors et dedans
une nuit qui nous ramènera peut être ici
libre je suis
les dés roulent sur la paume
de quoi ai-je envie
l’aventure et le jeu
ou cette autre vie qui m’attend
les ponctuations tombent comme la neige
je suis servie
sur le tapis vert
sur cette table ronde de bistrot
je lance
cinq et trois
huit
suis-moi